jeudi 2 juin 2016

Cannabis — Des dégâts congénitaux à l'ADN ?

Une nouvelle étude universitaire se penche sur le rôle du cannabis pourrait jouer dans ce qui est connu comme le chromothripsis. Le chromothripsis, ou « éclatement des chromosomes », est une découverte relativement récente. Il se produit quand l’ADN d’une cellule subit des dommages à grande échelle, mais pas assez pour tuer la cellule. On l’a relié à certains types de cancer et de malformations congénitales.

C’est la conclusion de cet examen australien de la littérature, qui suggère, dans la revue Mutation Research, la possibilité même, d’une transmission de ces dommages génétiques sur plusieurs générations.

Dans cet examen, les chercheurs ont considéré les éléments de preuves qui permettraient d’affirmer (ou non) qu’un des ingrédients actifs du cannabis — le tétrahydrocannabinol (THC)   pourrait déclencher un chromothripsis, ce qui pourrait causer le cancer et d’autres maladies.

Les chercheurs de l’University of Western Australia ont effectué un examen de la littérature à la recherche de preuves d’effets du cannabis et de ses différents « principes » actifs sur l’ADN humain pouvant conduire au cancer, affecter le développement du cerveau, voire les deux. Il s’agit donc d’un examen narratif portant sur les données de 189 résumés de recherche. Cette étude commence par un historique scientifique sur les étapes clés de la division cellulaire puis illustre, à partir des données disponibles, comment le cannabis perturbe ce processus à des stades bien spécifiques, conduisant à des mutations génétiques cancérigènes ou à des anomalies fœtales.

La possibilité de mutations génétiques transmissibles de génération en génération est évoquée et documentée, suggérant qu’un enfant de parents consommateurs de cannabis pourrait être affecté. Les auteurs citent en particulier plusieurs études montrant un lien positif entre la consommation de cannabis et des anomalies fœtales telles que le spina-bifida ou un faible poids de naissance, corrélées à des perturbations dans la croissance cellulaire. Des risques qui restent associés à un usage du cannabis élevé (environ 50-300 mg/kg).

L’examen, enfin, suggère que d’autres substances pourraient entraîner les mêmes effets à l’ADN : alcool, opioïdes, tabac et benzodiazépines pourraient en effet perturber le cycle cellulaire de manière similaire.

En conclusion, cet examen réunit des éléments de preuve soutenant l’idée que le cannabis peut perturber la division cellulaire, entraînant ainsi des dommages génétiques, pouvant conduire au développement de cancers et d’anomalies fœtales.

Mise en contexte

Notons qu’il existe une grande incertitude sur la façon dont les études incluses ont été choisies lors de cet examen, il est donc possible que toutes les recherches pertinentes n’aient pas été pris en considération.

Ce type d’étude sert à stimuler le débat et de plus amples recherches. Il n’est pas suffisamment fiable pour former la base du changement de politique par elle-même.

Une étude plus vaste et à plus long terme sera sans doute nécessaire pour voir si la consommation de cannabis pourrait avoir un effet intergénérationnel.

Nous savons que le cannabis, une drogue illégale de classe B, est connu pour contenir des produits chimiques cancérigènes (ou cancérogènes) et qu’il est déjà lié au cancer du poumon, la psychose, la schizophrénie et des problèmes de fertilité.

Sources
Mutation Research: Fundamental and Molecular Mechanisms of Mutagenesis May 4 2016 doi:10.1016/j.mrfmmm.2016.05.002 Chromothripsis and epigenomics complete causality criteria for cannabis- and addiction-connected carcinogenicity, congenital toxicity and heritable genotoxicity et NHS. UK



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